La Roue rouge : Premier Noeud - Août 14
L'amère histoire d'un monde qui s'écroule. Une armée abandonnée au massacre et à la captivité par un haut commandement irresponsable. Une société qui court à l'abîme, fascinée par ses illusions. La première partie du roman narre le destin de l'armée de Samsonov, encerclée et décimée en août 1914 parmi les lacs et les forêts de Prusse orientale. La seconde montre le glissement d'un pays riche et prospère vers le chaos, à partir de 1905 et en dépit du redressement opéré par le grand homme d'Etat que fut Stolypine, victime du terrorisme.
Un livre d'histoire, d'abord: celui qui manquait à la Russie depuis qu'elle a eu "son histoire rompue, sa mémoire cassée, ses historiens exterminés". Un livre qui relate des faits et où la plupart des personnages figurent sous leur vrai nom.
Un roman, aussi, parce que les hommes sont là, du paysan-soldat au tsar faible et résigné, dans l'infinie variété de leurs destins et de leurs mondes intérieurs. Inscrits dans cette épaisseur de réalité, les événements s'imposent au lecteur dans tout leur tragique relief originel.
Un miroir, enfin, que l'auteur tend à notre propre époque. Cette "société" qui adule les terroristes et appelle « exécutions » des assassinats, qui applaudit aux défaites militaires, vocifère à la Chambre et publie dans ses journaux n'importe quel mensonge pourvu qu'il affaiblisse le gouvernement, - ce passé ne reflète-t-il pas par bien des traits le présent et l'avenir de l'Occident?
La Roue muge - cette meule de l'Histoire, ce tourbillon de feu qui finit par tout emporter, jusqu'aux révolutionnaires eux-mêmes - est une vaste épopée qui doit conduire le lecteur jusqu'en 1922. Le présent volume - dont une version très incomplète avait paru en 1972 - est le premier de ceux consacrés aux causes et au déroulement de la révolution. Amorcée par Alexandre Soljénitsyne dès 1936 - il avait dix-huit ans cette immense fresque (une vingtaine de « nœuds » sont prévus) s'annonce incontestablement comme la grande oeuvre de sa vie.