Le Chevalier et la mort
Les coups de feu, il les entendit, lui sembla-t-il, dans un temps incommensurablement antérieur à l'instant où il se sentit touché. Il tomba en pensant : on tombe par précaution et par convention. Il pensait pouvoir se relever, mais il n'y réussit pas. Il se souleva sur un coude. La vie s'en allait, fluide, légère ; la douleur avait disparu. Au diable la morphine, pensa-t-il. Et tout était clair, à présent : Rieti avait été abattu parce qu'il avait parlé avec lui. (Leonardo Sciascia). Une mystérieuse association subversive, des crimes inexpliqués, et l'enquête d'un commissaire de police amoureux de la gravure de Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable. Ce récit est l'un des derniers textes écrits par Sciascia : derrière l'intrigue policière serrée et l'atmosphère étouffante du " thriller ", on devine comme une désespérance. Leçon : le Diable n'a plus besoin de s'occuper du monde, les hommes le font pour lui et réussissent parfaitement dans cet emploi.