Un été de reine en Finlande
Pour Reine, la narratrice, momentanément délaissée au profit d’une attachée culturelle nordique, le seul voyage possible, après la trahison de Mopse, son amant, est celui qu’elle entreprend à partir de Rochefort, où elle vit et travaille, jusqu’au pays le plus lointain possible : la Finlande. Une Finlande fictive, aride et sèche comme une aire d’autoroute, celle de Laplume, dans le sens Bordeaux-Toulouse, qu’elle ne va plus quitter pendant trois semaines.
Dans le motel autoroutier, Reine tente d’échapper à la jalousie qui la ronge en capturant les rêves et souvenirs des passagers. En même temps, elle poursuit une quête inlassable, tissant, telle Pénélope, une toile d’histoires destinées comme par le passé à retenir ou retrouver Mopse : celle du jeune poète qui se suicide d’avoir été humilié ; du peintre japonais qui, pour vendre un tableau, doit assassiner un financier ; du jeune Indien qui, devenu dentiste à Trinidad, recueille le fils de l’Anglaise qui l’avait séduit ; et beaucoup d’autres encore où se déploient ensemble la passion, la cruauté et la compassion. À moins que cette halte prolongée dans un no man’s land où tout un chacun ne fait que
passer ne soit au bout du compte une cure de désintoxication amoureuse ?