Une femme au coeur de l'Etat

"On ne fait pas de la politique sans ambition. Ceux qui prétendent le contraire mentent" D'emblée, le ton est donné pour cet autoportrait d'Elisabeth Guigou, réalisé à partir d'une série d'entretiens avec les journalistes Pierre Favier et Michel Martin-Roland. Des premières batailles militantes des années 1960 jusqu'à la consécration comme ministre de la Justice du gouvernement Jospin, c'est toute l'aventure de la gauche qui est évoquée dans cet ouvrage. De l'analyse politique des grandes questions d'actualité aux souvenirs plus personnels. Mitterrand apparaît comme un personnage phare dans la carrière d'Elisabeth Guigou. Elle lui doit son entrée dans le monde politique comme conseillère à l'Élysée, elle le critique parfois mais elle l'admire aussi. Admiration profonde pour l'homme et reconnaissance pour l'animal politique qui sut prodiguer de précieux conseils. Au passage, elle n'hésite pas à égratigner amis et ennemis politiques : Giscard est odieux, Séguin souvent de mauvaise foi. Pendant Maastricht, Lang ne pense qu'à passer à la télé, alors que Dumas n'en fiche pas une. La dernière partie permet de découvrir la femme derrière le ministre, qui avoue mener une "vie d'ascète" mais récuse sa soi-disant froideur "accentuée par un physique un peu nordique alors que (s)es origines sont toutes du Sud." Elisabeth adore jardiner, va dès que possible à l'opéra mais pas assez au cinéma, a toujours un livre de chevet. Et elle n'est pas anorexique. --Maya Kandel