L'homme de ma vie
C'est en 1942, à Megève, pendant la guerre, que j'ai rencontré un tout jeune homme : Jean-Jacques Servan-Schreiber, lequel se préparait à rejoindre de Gaulle. II avait dix-huit ans, moi un peu moins. Coup de foudre ? En tout cas, nous ne nous sommes jamais quittés ni oubliés depuis. Dès la libération, nous nous marions et partons pour un voyage de noces mouvementé au Brésil. Nous n'avons pas trente ans quand, en 1953, nous créons L'Express. Sept ans plus tard, je demande le divorce pour que l'homme avec lequel je n'ai pas eu d'enfants puisse se remarier. Avec Sabine de Fouquières il a quatre fils qui deviennent les miens par le cœur. Comme, toute ma vie, je n'ai vécu que pour et par la passion, je n'imaginais pas que l'amour le plus vrai, le plus profond, puisse survivre à tous les bouleversements de l'existence : aux infidélités, à l'éloignement, au silence... Or, aujourd'hui, après bien des déchirements, mais aussi des réussites et des joies, Jean-Jacques et moi nous aimons toujours. Je peux dire : comme au jour de notre mariage. L'amour véritable est intemporel.