Noir sur noir
" Nullement régulier, guère assidu, plutôt occasionnel et précaire, ce journal va de l'été 1969 jusqu'aujourd'hui 12 juin 1979, et je suis en mesure de donner cette date précise pour la dernière notation. Les autres, consignées sur des feuillets ou des calepins, ont été mises en ordre d'après leur date de publication dans le Corriere della Sera et autres quotidiens italiens. Dès le moment où j'ai rédigé la première, j'ai pensé à leur recueil, donc à ce livre : en souhaitant qu'il rappelle, idéalement si ce n'est matériellement, et pour moi-même aussi bien que pour le lecteur, les ouvrages que j'écrirais entre-temps. Somme toute, on verra qu'il les contient bien, in nuce. " Je me donnais pour modèle le journal de Jules Renard : en me relisant, je m'avise que je voisine plutôt avec le journal en public d'Elio Vittorini. Pas beaucoup de poisons à la Sainte-Beuve ; de rares potins ; pas mal d'aveux ; nombreuses notes de lectures ou de relectures ; nul portrait, aucun compte rendu de rencontres avec des personnalités dignes d'être portraiturées (à la manière de Saint-Simon ou de Retz). Tout compte fait, un livre très italien : peut-être très sicilien. Quant au titre, il est une sorte de riposte parodique à l'accusation de pessimisme qu'on m'adresse d'ordinaire : l'écriture, en noir, sur la page noire de la réalité. " L. S.