L'amour est fou
Paris 1975. Depuis qu’il a perdu sa mère, en 1969, l’année du bac, Marc Elern s’est métamorphosé. L’adolescent joyeux s’est fait cynique, secret. On dirait qu’il en veut à ceux qui l’ont vu grandir et souffrir. Le frère aimant ne voit plus que rarement Cathy, sa cadette aveugle qu’il jurait vouloir toujours protéger. Le fils affectueux ne répond pas aux lettres inquiètes de son père, pas plus qu’il ne réagit aux appels de Tim, l’éternel copain d’une enfance oubliée, coupable de lui avoir dit ses quatre vérités en face… A quoi rêve Marc Elern au bord de l’âge adulte ? Fonder une famille et voyager, fuir une civilisation perdue, démoralisée par le rêve matérialiste et l’argent. Il n’a pas le sou, pas les moyens d’en avoir, aucun métier. Méprisable époque. Il est soi-disant amoureux fou d’Aline, une femme de quarante-deux ans réalisatrice à la télévision, mère d’Alba, la petite amie volage aux faveurs platoniques, envolée depuis six ans. Mère, Aline l’est aussi pour Marc, l’homme enfant qui vit à ses crochets, jure monts et merveilles, tient vaguement un journal de génie méconnu, conçoit des poèmes hermétiques – mais aussi s’abrutit d’insomnie dans les bars où la nostalgie change de visage d’un soir à l’autre, et se laisse parfois charmer.
Jusqu’à ce dimanche d’automne où le téléphone réveille Marc au petit matin :
- C’est moi, c’est Alba, tu te souviens ?