Chemins de fer
La cinquantaine séduisante, Florence dirige une agence de communication. Sa vie s'organise entre Paris et un village de montagne, où elle dispose d'une maison perdue.
Chaque week-end, elle s'y rend par le train. Attentive à l'évolution de la SNCF - ses tarifs modulables, ses systèmes aberrants de réservation, ses lignes secondaires en décrépitude -, elle y voit le reflet des transformations de l'époque.
Un soir de novembre, elle découvre un grand réverbère tout neuf, planté à l'embranchement de son chemin. Elle déteste aussitôt cet éclairage cru, qui marque l'irruption de la « modernité » dans un paysage épargné. L'irrésistible appel du progrès réjouit les villageois. Florence, elle, se désole.
Quelques semaines plus tard, trois rutilantes poubelles de tri sélectif, installées au pied du réverbère, signent l'intrusion de l'écologie bureaucratique dans la vie rurale. Attachée à ses souvenirs bucoliques, prise dans les contradictions de sa double vie, Florence sent que le monde lui échappe.
Après Service clientèle (Gallimard, 2003) et La Petite Fille et la cigarette (Fayard, 2005), Benoît Duteurtre brosse un portrait de l'individu égaré dans les pièges de la société contemporaine. Ce roman, imprégné des paysages de montagne, illustre la liquidation des rêves humanistes par un capitalisme à très grande vitesse.