Mes crimes imparfaits
« Je fis la connaissance de Christophorine par un de ces matins de printemps où tout peut devenir possible. Un soleil voilé de brume flottait en lambeaux à travers les arbres encore maigres de feuilles, l’herbe du parc collait à la terre lourde et grise de l’hiver, et les oiseaux faisaient semblant de ne plus être tristes. Pourtant, l’air sentait le neuf, et les coeurs battaient fort… Je veux dire : mon coeur. Et celui de Christophorine.
Bien sûr, à ce moment-là, j’ignorais qu’elle serait bientôt ma femme. Elle m’avait offert un sourire, presque un rire, en secouant en arrière ses boucles blondes un peu démodées. Sa bouche était rouge comme celle d’une poupée et ses dents avaient des reflets de perle. À ce moment-là, bien sûr, je ne songeais pas encore à la tuer. »