Moi, Sàndor F.

Auteur : Alain Fleischer
Editeur : Fayard

«Un être, peut-il en répéter un autre, ou le continuer, le prolonger, d'une génération à la suivante ?» En faisant sien, le temps d'un roman, le prénom hongrois qu'il aurait dû porter, Alain Fleischer reconnaît en lui-même la survie de la personnalité de son oncle Sandor, mort trois mois avant sa naissance, la colonne vertébrale brisée, «quelque part entre la Hongrie et la Pologne», dans l'un de ces wagons à bestiaux dont se composaient, en 1944, les trains roulant vers Auschwitz. Les souvenirs de vingt-sept ans d'existence dont il nourrit l'agonie de son alter ego, deviennent les siens à mesure qu'il les imagine. Sa propre vie lui paraît dès lors reprendre, poursuivre, accomplir ce que celle de son oncle (ou de son frère jumeau) n'avait pu qu'initier, pour avoir été prématurément brisée. Aussi personnels lui soient-ils, ses goûts et ses talents, son inclination dès l'enfance pour les jeunes filles comme sa précoce passion pour la photographie et le cinéma, sont également un héritage. Ils lui viennent de cette vie antérieure, dont il se souvient en l'inventant, et relèvent d'une fidélité à celui qu'il a déjà été. Grâce à un procédé narratif original, parvenant à confondre les deux Sandor en un seul, Alain Fleischer nous offre l'un des romans les plus troublants jamais écrits sur le double mystère de l'identité et de la transmission. Moi, Sandor F. devrait aussi rester comme un maître livre de cette littérature d'après les camps, que Jean Cayrol voulait «lazaréenne», ou de résurrection. Cette ambition, après la shoah, «de restaurer, de repeupler le monde pour qu'il semble complet à nouveau», manifeste de façon exemplaire le pouvoir qu'a l'imaginaire «de rectifier et de corriger l'Histoire.»

26,00 €
Parution : Mars 2009
394 pages
ISBN : 978-2-2136-3397-8
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