Une blessure française : Les soulèvements populaires dans l'Ouest sous la Révolution 1789-1795
L'histoire en est restée figée : les révoltes armées qui ont soulevé les campagnes dans l'Ouest sous la Révolution française auraient été la manifestation d'un complot clérico-monarchiste visant à restaurer l'Ancien Régime avec la bénédiction de l'Eglise et le soutien des masses rurales arriérées mobilisées par la prêtraille fanatique et obscurantiste.
Originaire de la Sarthe, Pierre Péan est parti à la rencontre de ses ancêtres, acteurs et témoins des événements. Menant cette enquête historique comme toutes les enquêtes de terrain qu'il a accumulées et qui lui ont valu sa réputation, il a dépouillé archives municipales et départementales, correspondances et bibliothèques, registres d'état civil, mémoires, etc.
En circonscrivant délibérément cette enquête à l'arrondissement d'Ancenis, en particulier au bourg de Maumusson, il parvient à établir lumineusement que durant les premières années de ces soulèvements, ceux-ci ont pour double origine l'atteinte portée à la liberté de culte par la Révolution avec la Constitution civile du clergé, et la paupérisation des campagnes organisée par la classe conquérante des villes, les bourgeois.
S'il est alors question de restaurer la monarchie avec l'aide de l'Angleterre, c'est dans la propagande révolutionnaire qui vise à imputer cette motivation aux campagnes en révolte. Une des preuves du contraire en est l'origine populaire de la quasi-totalité des meneurs, dont Péan brosse les portraits et les itinéraires. C'est ce qu'a d'ailleurs parfaitement compris le général Hoche, et ce qu'ont délibérément ignoré les bouchers de la répression comme Carrier, Joseph Fouché et consorts, ainsi que les conventionnels jacobins à Paris et leurs émanations à Nantes.