Edition, presse et pouvoir en France au XXe siècle
Pour la première fois, l'accès à des sources considérables permet à l'historien de revisiter toute l'histoire de l'édition au XXème siècle dans ses rapports avec le pouvoir politique, la banque et les autres médias. Il en va ainsi des archives de la librairie Hachette et de celles de très nombreux éditeurs déposées à l'IMEC, mais aussi des délibérations du Syndicat national de l'Edition, du Cercle de la Librairie, voire des considérants de la Commission de Bruxelles dans l'examen du rachat d'Editis par le groupe Lagardère, enfin d'archives d'acteurs retirés comme Maurice Dumoncel, de mémoires ou de témoignages d'éditeurs disparus, retirés ou encore en activité. En analyste rigoureux, Jean-Yves Mollier expose les faits, qu'il s'agisse du comportement de la profession durant l'Occupation, des stratégies littéraires, des volontés d'expansion et des phénomènes de concentration, des batailles de géants ou des résistances à l'absorption, des fausses novations et des vraies évolutions. Sans se montrer jamais manichéen ni apocalyptique, il montre au contraire avec quelle souplesse et ingéniosité une profession tant de fois condamnée, a su survivre à tant d'épreuves ou de concurrences censées la laisser exsangue, et assurer ainsi à la vie culturelle du pays sa «bibliodiversité». Mais ce récit ne va pas sans révélations fracassantes, qu'il s'agisse de la confection de la fameuse «liste Otto» pendant la guerre, du soudoiement légal de certaines hautes figures politiques par certains groupes, voire d'assauts jusqu'ici ignorés contre telle ou telle maison indépendante. Il n'est pas exagéré de dire que cet ouvrage contient plus d'informations nouvelles sur l'histoire du livre au XXème siècle que tout ce qu'on a pu lire sur le sujet depuis vingt ans.