Pierre Cauchon: Comment on devient le juge de Jeanne d'Arc
Ce livre n’est ni un procès en condamnation ni une tentative de réhabilitation. Un historien n’essaie que de comprendre. Autour d’un personnage tristement connu pour un rôle épisodique, c’est toute une société, celle des intellectuels parisiens, qu’il s’agit de comprendre au long d’une tourmente qui les emporte pendant un siècle.
Car, si maître Pierre Cauchon cristallise l’attention des historiens et plus généralement des Français, il n’est pas seul. D’autres l’annoncent, l’accompagnent, le rejoignent pour un temps.
Ni Cauchon ni ses semblables ne sont apparus brutalement au premier plan de l’histoire. Aucun ne sort du néant. Tous sont les héritiers de l’histoire, les enfants de deux ou trois générations qui ont vu s’effondrer un monde et des certitudes, et naître des ambitions et des prétentions. Deux papes en l’Église, et plus tard, trois. Un enfant roi et ensuite un roi fou. Des princes assassinés par leurs proches. Une réforme de l’Église et de l’État qui se fait attendre. Un Anglais qui apparaît comme un recours après n’avoir été qu’un envahisseur. Deux rois de France. Et, pour les maîtres, des concurrences qui naissent à tous les horizons cependant que se laisse oublier la vocation première de l’Université. Les maîtres enseignent, mais ils s’agitent sur tous les théâtres du monde, et ils se compromettent pour ne pas être oubliés.
L’histoire retiendra d’eux le procès de Jeanne d’Arc. Pour la plupart d’entre eux, ce n’aura été qu’un épisode. Pour significatif qu’il soit, et bien qu’il reste pour plusieurs la raison d’une image au regard de la postérité, il n’est pas toute leur vie. Jamais, dans l’histoire du monde occidental, ils n’auront tenu une telle place.