La Ville où les morts dansent toute leur vie
La Ville où les morts dansent toute leur vie est un road-movie obsédant, d´une poésie folle : à l´Est règne la dévastation, la terre n´est plus que cendres. Arrachée à ces racines par le désastre, Léonore, une jeune schizophrène, est confiée à Grange, un dessinateur solitaire qui pourrait bien être son père. Mais l´homme refuse d´assumer cette enfant dont le corps de femme et l´originalité le troublent.
Alors il décide de tout braver, quitte à tout perdre, pour la rendre à son pays imaginaire. Construit à partir d´un flash-back initial, l´exode à rebours de Grange et Léo nous offre une galerie de « freaks », gitans et circassiens, bandits ou fuyards. Autant de personnages attachants, sensibles et sincères. L´Est retrouvé, sorte de néo-moyen-âge où toute vie humaine semble avoir disparu, est l´aboutissement d´une quête ponctuée par la lecture du journal de Grange que Léo trimballe avec elle. Décors d´apocalypse, déluge, incendie... ce paysage de mort est pourtant bien vivant, et au fil de la perception distordue de Léo (exercice brillant et troublant), les valeurs s´inversent. Grange raccompagne la jeune fille vers la mort, et c´est pourtant là qu´est sa vie. En voulant préserver sa solitude, il se lie... La Ville où les morts dansent toute leur vie marque le sommet de l´art de Pelot.
Emprunt d'un profond humanisme, il y croise toutes ses passions : fantastique, « western » moderne, roman familial et d´amour. Son écriture, comme diffractée par la maladie de Léo, en est extrêmement visuelle et sensible, rythmée comme un film d'action.