La crise de trop - Reconstruction d'un monde failli

Alors même qu'elle n'a pas encore épuisé ses développements propres, la crise financière s'est déjà dépassée elle-même. Elle s'est dépassée économiquement en une récession dont même les optimistes de service et les habitués de la dénégation prennent la mesure - exceptionnelle. Elle s'est dépassée politiquement car le dérèglement financier finit par apparaître pour ce qu'il est vraiment : le symptôme d'un dérèglement d'une tout autre nature et d'une tout autre échelle. Ainsi, une sorte de " catalyse par les points extrêmes " rend d'un coup visible, et surtout insupportable, un modèle d'ensemble, et le foyer initial de la crise financière propage en toutes directions des ondes de choc qui mettent en cause cette forme de capitalisme dont les propagandistes ont vanté pendant deux décennies l'efficacité sans pareille et l'incontestable supériorité. Voilà donc que resurgissent d'un coup les questions critiques : comment la société a-t-elle pu tolérer si longtemps de tels niveaux d'inégalités ? Pourquoi a-t-il fallu atteindre le point d'obscénité de l'enrichissement de la finance pour produire enfin une mise en question ? Quelles forces ont oeuvré si longtemps à installer et maintenir, en actions et en propagande, pareille configuration du capitalisme ? Et aussi, maintenant, quelles sont les voies de sortie, à quelles mises en causes et transformations radicales faut-il procéder ? Le livre fait des propositions. De la refonte totale des structures bancaires en un " système socialisé du crédit " jusqu'au desserrement des deux contraintes qui écrasent le salariat et réengendrent sans cesse les inégalités : la contrainte actionnariale, qui appelle une limitation réglementaire et fiscale de la rentabilité pour l'actionnaire, jusqu'à la contrainte concurrentielle qui demande de repenser le régime des échanges internationaux au loin d'un libre-échangisme sans rivage, il s'agit de plaider pour une " nouvelle donne ", seule à même de dénouer une crise sociale extrême.