Révolution et mensonge
En marge de ses grands romans, il y a des dizaines d'Écrits politiques d'Alexandre Soljénitsyne. Ce recueil s'ouvre sur une lettre publique, qui est l'axe de son oeuvre, le moteur de sa vie : pour résister, il faut commencer par se réformer soi-même. Ce bref catéchisme du résistant fut rédigé en février 1974, à la veille de la seconde arrestation et de l'expulsion d'URSS de son auteur. S'ensuivent les Leçons de Février (1983), inspirées par la lecture d'une immense littérature sur la révolution de 1917 et par une amère constatation : la monarchie russe, tricentenaire et encore populaire en 1914, est tombée en trois jours. Faute de savoir penser vrai, parler vrai ? Pour terminer ce recueil, Deux révolutions : la française et la russe (1984), est une réflexion inédite en français, où Soljénitsyne compare le glissement vers mensonge et violence de ces deux révolutions. Quatre ans pour la française, suivis du despotisme bonapartiste, avant de repartir pour une deuxième circonvolution à l'identique. Sept mois pour la russe, puis une longue dictature bolchevique sur presque la moitié du globe.
À l'occasion du centenaire de sa naissance et du dixième anniversaire de sa mort, ces trois textes nous aident à comprendre le cheminement de Soljénitsyne au travers du siècle des totalitarismes. Alexandre Soljénitsyne (1918-2008) a obtenu le prix Nobel de littérature en 1970. Déchu de sa nationalité en 1974 après la parution en Occident de L'Archipel du Goulag, il fut expulsé d'URSS, émigra aux États-Unis, où il acheva son long cycle historique consacré à la révolution russe, La Roue rouge, avant de revenir en Russie vingt ans plus tard .