Ainsi se meuvent les vampires: Essai sur la variation du sens
Qu’est-ce qu’un vampire ? Le mot « vampire », a été, dans un coin du monde, inventé et utilisé pour, sinon résoudre, du moins affronter une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
Qu’est-ce qu’un vampire ? Alors qu’on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu’ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIII e siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu’on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu’un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d’un film comique comme dans Le Bal des vampires.
Nous sommes ainsi mis sur la trace des vampires, les suivant dans des sources aussi diverses qu’inattendues, des archives médicales à la série True Blood, en passant par les écrits de naturalistes. Cette enquête décrit la destinée d’un mot inven[1]té et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
Arnaud Esquerre est sociologue, et directeur de recherche au CNRS.