La Tour de Babel
De la migration d’Ur par les Juifs de Babylonie, au IIe millénaire, en passant par l’exil à Babylone au VIe siècle, l’histoire des Hébreux est marquée par cette confrontation décisive avec les tribus sédentaires, bâtisseuses de villes. La légende de la Tour de Babel forme ainsi avec le récit de la Création et celui du Déluge, un tableau de la préhistoire du peuple élu.
Pour aborder cet épisode fondamental, trois auteurs réunissent ici leur voix.
Pierre Bouretz donne vingt-deux variations sur le thème de Babel et de la confusion des langues, qui vont des commentaires talmudiques à la Bibliothèque de Borges, en passant par les spéculations du XVIIe siècle sur la langue universelle, la « folie du traduire » de Hölderlin, mais aussi Kafka, Benjamin ou Rosenzweig.
Marc de Launay, commentant de près le texte, propose de voir dans la confusion des langues tout sauf un châtiment , mais l’inscription d’une transcendance et donc d’une historicité, au sein de l’immanence d’une « langue une », régressive et répétitive.
Jean-Louis Schefer étudie l’histoire des figurations de la Tour, des périodes romane et gothique jusqu’à Bruegel. Il montre que la perspective d’Hérodote, confirmée par l’archéologie - révélant un culte cosmique où le roi s’unissait avec une prêtresse au sommet d’une tour -, a été occultée par l’interprétation de Philon d’Alexandrie. S’impose alors une moralisation de l’épisode, le rendant inaccessible à l’Histoire.