Oeuvres autobiographiques
Captivante chronique de la première moitié du XXe siècle, les mémoires d'Arthur Koestler (1905-1983) se révèlent être un des documents les plus précieux pour comprendre la tragédie de l'époque.
L'itinéraire de ce Hongrois naturalisé sujet britannique ressemble à l'un de ces vieux films muets projetés en accéléré où le héros saute de trains en autos, de navires en aéroplanes, apparaissant soudain suspendu dans le vide à une grue, pour être englouti l'instant d'après dans un tunnel béant, au rythme des rails et des aiguillages enchevêtrés, tandis que meuglent des sirènes de paquebots et que surgissent toutes sortes d'obstacles incongrus...
Au travers de ses multiples coups de tête, conversions et ruptures, Koestler s'est effectivement toujours trouvé aux avant-postes de l'Histoire, de la Commune hongroise de Bela Kun à la débâcle française de juin 40, en passant par une adolescence viennoise, la Palestine des pionniers sionistes, une expédition polaire en zeppelin, le Berlin de la montée du nazisme et l'URSS stalinienne, la guerre civile espagnole, enfin la drôle de guerre vue d'un camp d'internement français.
Cette existence aventureuse s'est accompagnée d'une odyssée intellectuelle que Koestler dissèque avec lucidité, une ironie désespérée et une bonne dose d'humour noir.
Rassemblés ici pour la première fois en un seul volume, les deux tomes de ses mémoires, La Corde raide et Hiéroglyphes, sont accompagnés de ses premiers textes autobiographiques, Un testament espagnol (ici dans une nouvelle traduction et sous son titre définitif, Dialogue avec la mort) et La Lie de la terre, auxquels s'ajoute L'Etranger du square, journal posthume, écrit à deux mains avec sa dernière femme, Cynthia, avec laquelle il se suicida en 1983.