Une adolescence
Avec le talent qu'on lui connaît, et cette capacité à puiser dans ses souvenirs pour en extraire le meilleur, Frédéric Mitterrand a décidé cette fois de nous raconter l'adolescence du jeune garçon qu'il a été dans la France du Général de Gaulle, juste avant la déflagration de Mai 68. À une époque où le divorce n'est pas encore passé dans les moeurs, il vit tantôt avec sa mère, tantôt avec son père, et envie la liberté de ses frères, plus âgés que lui.
L'irruption du désir dans ce milieu bourgeois du XVIe arrondissement ne se fait pas sans souffrance. Heureusement, il découvre et dévore les grands auteurs littéraires, de préférence ceux qui sont bannis de la bibliothèque familiale ; se réfugie avec délice dans les cinémas ; s'initie à la politique qu'il connaît de l'intérieur par son oncle François, tout en admirant profondément le résistant de Gaulle. Tiraillé entre plusieurs mondes, il connaît la difficulté de ne pouvoir en choisir un contre les autres. Sa vie quotidienne au lycée Janson-de-Sailly se déroule entre grande timidité et soif de tout connaître. En somme, une adolescence qui ressemble à celle de toute une génération, mais où s'ébauche le portrait de l'homme si singulier que nous connaissons. Avec Une adolescence, livre qui lui tient particulièrement à coeur, Frédéric Mitterrand conjugue pour notre plus grand plaisir deux veines littéraires dans lesquelles il excelle, celle du mémorialiste (La Récréation) et celle de l'auteur intimiste (La Mauvaise Vie).