Paula Spencer
Quel bonheur de retrouver Paula Spencer ! Nous l’avions rencontrée dans La femme qui se cognait dans les portes, elle avait alors trente-neuf ans, venait de perdre son mari, une brute qui la maltraitait, elle était alcoolique et tentait vaille que vaille de s’occuper de ses enfants. Ce nouveau roman commence la veille des quarante-huit ans de Paula, en juin 2004. Elle n’a pas touché à l’alcool depuis quatre mois et cinq jours.
Pendant une année, son combat pour décrocher définitivement va nous tenir en haleine. Nous sommes plongés dans un roman policier où le coupable, l’alcool, et la victime, Paula, forment un couple complexe. L’alcool est un despote fascinant et repoussant qui régit tout : le temps, les corps, les relations et les sentiments. Le ventre crispé, le cœur battant, nous avons envie d’encourager Paula quand elle est près de succomber au monstre.
Car la lutte qu’elle mène est universelle : c’est celle de la réconciliation, avec soi-même et avec les autres. En renonçant à l’alcool, Paula se retrouve face à la réalité ; sans l’ébriété pour la protéger, elle ne peut compter que sur elle-même. S’appuyant sur les petits bonheurs quotidiens et les grandes douleurs du passé, Paula redevient lentement une femme libre et digne. Au fil des mois, livrant avec humour et rage une guerre sans merci à son tyran intérieur, elle reconquiert ses enfants : Jack, quatorze ans, qui peu à peu reprend confiance en sa mère ; Nicola, qui perd lentement son attitude trop protectrice ; John-Paul, héroïnomane qui a fui la maison et qui revient, désintoxiqué ; enfin Leanne, la plus fragile, véritable miroir de tout ce que fut Paula et qui est à son tour touchée par l’alcoolisme.
Insensiblement, le combat de Paula pour affronter son passé et recouvrer son identité apparaît comme celui de l’Irlande. L’Irlande lourde de son passé qui, pour renaître, doit lutter contre la trace des guerres qui ont marqué son histoire, contre une forme tragique d’autocomplaisance et contre le mépris de soi.