Elégie pour Laviolette
Laissé pour mort, dans un précédent roman, le nez dans une touffe de thym, et baignant dans une mare de sang, le Commissaire Laviolette, guéri de ses sept impacts de chevrotine dans le dos, est à nouveau chargé d’une enquête : la routine, soi-disant, comme l’affirme le conseiller Honnoraty. Presque rien, en somme : un homme vient de mourir à l’hôpital de Gap, et les neveux spoliés portent plainte pour captation d’héritage. Le coup classique, quoi ! Pas de quoi fouetter un chat. On a même demandé une autopsie et ça n’a rien donné : la mort est naturelle. Deux détails pourtant : la veuve avait célébré ses noces avec le mourant quatre jours auparavant en évinçant la maîtresse en titre, et on avait trouvé sur les mains de la victime d’abondantes traces de talc….C’est ainsi que Laviolette et le juge Chabrand se retrouvent pour l’enterrement à La Roque-du-Champsaur, dans ce cimetière (d’une importance capitale pour l’histoire) sans portail d’apparat, sans le moindre cyprès ni thuya, où n’est gravé qu’un seul nom sur chaque tombe, sans famille successive, sans ascendants ni descendants et où le froid et le vent vous transpercent les os.
Pierre Magnan donne une fois de plus libre cours à son imagination débordante, multipliant les assassinats dont la nature criminelle devient évidente, l’essentiel étant de ne pas se tromper d’innocent !... Rebondissements, effets de surprise, il sait nous parler, dans une langue magnifique, des comportements humains et nous étonner par sa verve, sa gaîté, et son érudition amusée.