Les Vrais durs ne dansent pas
À Provincetown, dans la trompeuse quiétude de la morte-saison, Tim Madden, écrivain raté et amateur de femmes, noie son ennui dans le bourbon.
Un matin de plus, il se réveille avec une formidable gueule de bois. À son grand étonnement, il découvre un curieux tatouage sur son bras, du sang dans sa voiture et, dans sa réserve de cannabis, la tête proprement coupée d'une belle blonde platinée. Tim est-il pour autant un assassin ? Impatient de connaître la réponse, il se lance dans une enquête personnelle qui lui donnera l'occasion de rencontrer des personnages hauts en couleur : des ex-boxeurs, des repris de justice, une ancienne maîtresse et, surtout, son père, Big Mac, qui reste l'une des créations les plus mémorables de Norman Mailer.
Le crime, pour odieux qu?il soit, n'est que prétexte à l?étude de ces pauvres âmes perdues qui errent dans un monde absurde. On est loin de l?Amérique puritaine, mais bien proche de l?Amérique malade de l?ère post-Vietnam, malade de sa liberté sexuelle et de la quasi libre consommation du haschisch. Dans ce monde où les frontières entre la police et la pègre sont ténues, aucune rédemption possible pour ces individus totalement pris au piège des jeux et enjeux de la chair. Le nom de Reagan, qui apparaît subtilement à la fin, permet de dater le livre, enraciné dans son époque, mais qui s?inscrit plus largement dans une grande tradition littéraire américaine d?étude de moeurs tragi-comique. Un tableau terrible et drôle à la fois.