L'Astre mort

Auteur : Lucien Jerphagnon
Editeur : Robert Laffont

Dans la préface qu'elle consacre à ce roman retrouvé par elle après la mort de son père, Ariane Jerphagnon écrit pour expliquer son choix de le rendre public : « Le respect que je lui porte m'interdit de dissimuler ou pire de faire disparaître ce qui témoigne à travers des mots d une période de sa vie, de ses interrogations spirituelles et métaphysiques, qui sont autant d'indices sur l'origine des choix philosophiques jalonnant son existence. » Ce roman autobiographique s'appelait à l'origine Journal d'un anxieux. Il relate le parcours initiatique d'un personnage qui erre d'un lieu où d'une gare à l'autre, entre Bordeaux, ville de son enfance, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et l'Espagne, et rapporte de ses errances autant d'expériences humaines immédiates et sensibles. Il livre ses pensées, ses réflexions, ses humeurs et ses observations dans un cheminement sans but apparent, mais qui accompagne en réalité une sorte de métamorphose personnelle.
Lucien Jerphagnon livre ici ses propres questionnements à la veille de rompre son engagement religieux en ironisant volontiers sur tout ce qui touche à la métaphysique. C'est avec un humour un peu moqueur qu'il évoque ses discussions théologiques avec un certain chanoine Précoce. Hanté par le souvenir et l'absence de sa mère, « l'astre mort », disparue alors qu'il était encore enfant, le héros solitaire de ce périple intérieur est un angoissé à l'image de Pascal, comme lui « prédisposé aux affections psychosomatiques, porté à l'excès dans sa recherche de perfection « et conscient d'une vérité inatteignable ».
Ce qu'il cherche, lui que la grâce chrétienne héritée de son enfance et son éducation semble avoir peu à peu déserté, c'est une autre forme d'apaisement mystique si ce n'est philosophique susceptible de répondre au tragique de l'existence, au coeur de la vie même.
Il accède ainsi à une révélation qu'il compare à « un rêve éveillé » : « je ne pensais pas, je ne calculais pas, je ne prévoyais rien, je rêvais seulement et c'est comme si tout se mettait en place dans ce monde intérieur que j'avais cru longtemps plus tragique que l'univers [...]. Je savais que de l'avenir je n'avais plus rien à craindre puisque tout se tenait : le meilleur et le pire, l'absence et la folle joie d'autrefois, le plaisir et le vide, la vie et la mort. Tous ces grands mots ne m'effrayaient plus, le tragique s'était désamorcé tout d'un coup, me laissant enfin la paix. »

19,00 €
Parution : Février 2017
234 pages
ISBN : 978-2-2211-9865-0
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