Une poignée de cendres
Tony Last est le propriétaire heureux et fier de Hetton, un domaine campagnard néogothique, et le mari moins heureux, quoique toujours épris, de Lady Brenda. La vie de Tony, avec sa femme et leur fils John Andrew, semble parfaite, jusqu'au jour où Brenda rencontre John Beaver, un jeune mondain ambitieux et avide d'argent, et le prend comme amant. Après la mort accidentelle de John Andrew, propice à un quiproquo des plus tragiques, Brenda et Tony s'accordent sur un divorce qui ressemble fort à un jeu de dupe. Mais quand il comprend que le divorce lui coûterait la perte de Hetton, Tony fait volte-face et décide de s'embarquer aux côtés d'un explorateur douteux pour l'Amérique latine. Fatalement, l'expédition tourne à la catastrophe, et, alors qu'à Londres Brenda est abandonnée par son jeune amant, le pauvre Tony tombe malade, manque de mourir, puis est capturé dans la jungle par un ermite fou, qui l'oblige à lui lire à haute voix les oeuvres complètes de Charles Dickens jusqu'à la fin de ses jours.
Sous la plume acérée de Waugh, toujours juste et pleine d'humour, la bonne société anglaise des clubs, des châteaux et des soirées mondaines en prend pour son grade et se révèle dans toute son inauthenticité : alors que tous les personnages sont caractérisés par une évidente inadéquation de leur vie à leur être, Waugh désigne le seul et unique moteur qui fait se mouvoir toutes choses : l'argent.
Une poignée de cendres est aussi une parodie des romans de son époque, de leur psychologie et de leurs thématiques : Evelyn Waugh plonge dans des profondeurs existentielles de l'homme dont l'humour est la seule transposition possible. Le tout est d'une cruauté indicible, en même temps que d'une folle drôlerie, et propose un voyage sans complaisance dans l'âme humaine.