Sucre d'orge
Le dos de Marlon Brando et la chemise de Baby Doll ont nourri les fantasmes de tant de cinéphiles qu'on en vient à oublier que Tennessee Williams est avant tout un grand écrivain américain, trop négligé en France. Les nouvelles qui composent ce recueil sont en effet des chefs-d'oeuvre de baroque, de tendresse et d'ambiguïté. Des personnages qu'aurait pu dessiner Norman Rockwell y trouvent une fin délicieuse dans des cinémas mal famés et tous les clichés de la littérature du Sud y sont pulvérisés avec une minutieuse et prodigieuse perversité.
À l'instar de son théâtre – Soudain l'été dernier, La Chatte sur un toit brûlant ou La Nuit de l'iguane –, ses nouvelles sont vénéneuses : l'amour et la haine s'y côtoient et, sous le raffinement, rôde la sauvagerie.
" Toute sa vie, Tennessee Williams n'a eu qu'un but, qu'un sujet, qu'une obsession : la flétrissure des êtres. Dans ses pièces, ses nouvelles, ses scénarios, et dans son existence même, il court après cette abjection, et hérisse les censeurs. " François Forestier, L'Obs.