L'Evangile du fou. Charles de Foucauld le manuscrit de ma mère morte
Jean-Edern Hallier n'aimait pas sa mère. Fais ton Foucauld au lieu de te disperser, n'arrêtait-elle pas de lui répéter avant sa mort. Ce grand roman, cet inépuisable fantasme, cette immense parabole, Jean-Edern Hallier a fini par l'écrire comme le retour bouleversant du vieil enfant terrible, surpris par l'intensité de son chagrin. Son tardif devoir d'obéissance, il l'entreprend dans les décombres de sa bibliothèque incendiée. Soudain, sur les murs noirâtres surgissent ses Immortels, les héros de son enfance venus à sa rescousse pour aider à achever ce manuscrit de sa mère morte, Mystère Magoo, Quéquette du Graal, Rabbin des Bois, Laurence d'Arabie et le comte de Fées. Sans oublier le Petit Prince de Saint-Ex, l'ami de sa mère qui s'inspirait des récits de Jean-Edern enfant, sur son tas de sable en Tunisie. Mais par-dessus tout, il y a Charles de Foucauld l'aristo, celui des récits de son père jadis ; ce lieutenant de cavalerie débauché claquant sa fortune avant de s'enfuir au Sahara pour vivre avec Dieu et les Touaregs. Jean-Edern Hallier, en sa propre traversée du désert, se condamne à devenir général de l'armé des Rêves, c'est-à-dire romancier. En ce chapitre de la grandeur défunte de nos familles, on retrouve les ingrédients d'un songe sublime, les montagnes du Hoggar, la marche fantomatique des hommes bleus, le ciel de l'héroïsme, le vent de l'histoire, l'ascèse torride, l'amour fou, et la sainteté, la plus grande de toutes les aventures humaines. L'Evangile du fou, écrit dans une langue admirable, tour à tour lyrique, burlesque, tragique ou d'un comique ahurissant, nous entraîne, nous amuse, nous émeut, nous séduit, nous convainc. Jean-Edern Hallier réussit avec son Foucauld une manière de Don Quichotte français.