Le Traité des trois imposteurs : Histoire d'un livre blasphématoire qui n'existait pas
C'est au XIIIe siècle, en plein conflit politique entre le Pape et l'Empereur, que commence à circuler la rumeur d'un livre sulfureux : le Traité des trois imposteurs. Tout est dans le titre, blasphème suprême qui dénonce dans un même souffle Moïse, Jésus et Mahomet comme vils affabulateurs brandissant la menace de la colère divine et de ses châtiments éternels pour mieux asseoir leur tyrannie politique ; de là, il s'ensuit que toute religion est une imposture, et que les Églises sont de cyniques machines à opprimer. Tout au long du demi-millénaire suivant, jusqu'à l'époque des Lumières, l'idée de ce livre circule souterrainement, alimentant les fantasmes des inquisiteurs comme des libres-penseurs - et pourtant, nul ne l'a jamais vu. Le Traité des trois imposteurs n'existera en tant que livre qu'au XVIIIe siècle, empruntant alors son contenu aux polémistes anti-chrétiens de l'Antiquité comme à Spinoza. Mais, du Moyen Âge à l'époque moderne, son seul titre aura fourni la matière d'une critique radicale de la religion comme institution et comme foi. À travers l'histoire rocambolesque d'un livre fantôme, c'est toute l'histoire de l'athéisme, du matérialisme et de la libre-pensée qui se dessine en filigrane de cette passionnante étude au ton enlevé.