L'Amie du Diable
Cette fois, la vengeance est le mobile de meurtres qui nous replongent dix-huit ans plus tôt, dans l'atmosphère d'horreur d'actes sadiques suivis d'assassinats commis par un couple sur des adolescentes. Le livre s'ouvre sur la découverte du cadavre d'une paraplégique égorgée, dans son fauteuil roulant, au bord de la falaise. Non loin de là, au coeur de la petite ville d'Eastrale, une jeune fille est retrouvée morte. L'inspecteur Alan Banks et sa collègue Annie Cabott sont chargés de résoudre ces deux meurtres sans liens apparents. Enquêtes dans le présent qui se doublent bientôt, comme c'est souvent le cas avec Peter Robinson, d'une enquête dans le passé ; un passé omniprésent, oppressant, qui fascine le lecteur et le tient en haleine jusqu'aux dernières pages où l'identité de l'assassin, enfin dévoilée, apparaît comme une surprise qui couronne la réussite de ce dernier thriller. Peter Robinson aborde en effet ce nouveau thème avec une force et une finesse seulement égalée dans Saison Sèche. Nous retrouvons le bourg d'Eastrale, désormais familier, mais comme à chaque nouvelle intrigue, décrit sous un jour différent, en l'occurrence celle du quartier universitaire et de la vie nocturne des étudiants, menée par des personnages tous potentiels suspects. Comme Simenon, Peter Robinson excelle dans la création d'une ambiance, de personnages apparemment normaux et sans histoire et cependant inquiétants, de l'étudiant raté au professeur de collège amoureux de la jeunesse de ses élèves en passant par le tenancier de bar, antipathique et lui aussi amoureux d'une des victimes. Une intrigue subtile à l'atmosphère envoûtante digne des meilleurs livres de Peter Robinson.