Plaidoyer (impossible) pour les socialistes
Alors qu’après un quart de siècle d’opposition les socialistes contrôlent à présent tous les rouages du pays, Bernard Maris s’interroge non seulement sur la signification du terme « socialisme » mais aussi sur ses origines si particulières et multiples qui font qu’il conserve en France une couleur distincte de celle des grandes formations social-démocrates de l’Europe du Nord, à commencer par le SPD allemand.
Si Maris (culture régionale et familiale oblige) se reconnaît dans la tradition de la gauche « morale » façon Jean Jaurès, il se montre par contre d’une sévérité argumentée et d’une ironie cinglante avec les politiques, notamment monétaires, suivies pas les socialistes depuis plus d’un demi-siècle. Certes, notamment avec la mise en oeuvre au lendemain de la Libération du programme du Conseil National de la Résistance, plus de la moitié de la richesse produite par nos sociétés développées passe désormais par la collectivité publique avant d’être redistribuée. Est-ce pour autant du « socialisme » ou une simple mutualisation ? A l’heure où l’équipe dirigeante au pouvoir doit faire face à la crise de la monnaie européenne comme à la désindustrialisation du pays, le logiciel socialiste n’est-il pas demeuré bloqué sur l’idée d’une croissance ininterrompue ? L’universitaire Bernard Maris et l’ « Oncle Bernard » de « Charlie-hebdo » ne font plus qu’un pour poser sur notre société trop lisse et capitonnée, le cynisme de ses médias, la médiocrité de ses dirigeants et le conservatisme de son « populo », un regard d’une dévastatrice lucidité.