L'Ane et l'abeille
Gilles Lapouge aime à ce point les ânes et les abeilles qu'il les a choisis pour être les protagonistes de cet essai zoologique qui est aussi une promenade scientifique et littéraire enchantée. Lapouge, qu'il parle de neige, de pirates ou de géographies, plus son propos est érudit, plus il y met d'art, de fantaisie et de séduction. C'est sa manière. Tout sépare l'âne et l'abeille, animaux en apparence très lointains, sauf leur nature presque unique dans la création, de déviants sexuels. Ils ont en commun de faire l'amour en dehors de leur espèce ou de leur règne respectif. L'un s'accouple avec la jument, l'autre fait l'amour aux fleurs, aux arbres, aux plantes et aux vents qui transportent son pollen. Leur histoire est fabuleuse. Il faut bien plus que Fabre, Linné ou Buffon pour la raconter. Encyclopédiste, rapporteur de légendes, entomologiste, botaniste, Lapouge retrouve ses personnages chez Virgile, Chateaubriand et Rimbaud, pour nous offrir, dans ces géorgiques follement documentées, sans discours ni théories mais avec la poésie et la malice qui lui sont propres, un pan d'histoire de la nature, des êtres vivants, des sociétés et de nous-mêmes.