En étrange pays
« Ces chroniques ne se connaissaient pas. Elles ne s'étaient jamais rencontrées. Certaines sont spécialisées dans les jardins, dans les vieilles pluies ou dans les vents périmés, d'autres préfèrent les lapins ou les ânes de La Fontaine, il en est qui regardent le ciel, le paradis, le petit Jésus, les anges ou le lac Léman. Les nostalgies au long cours sont agréables. Elles procurent des vertiges. Leur plus belle réussite, c'est qu'elles nous disent que tout est toujours pareil, et que les dames du temps jadis étaient comme les dames d'aujourd'hui et comme les dames de demain. Les séquoias, les renards, les femmes, les soldats de Fontenoy, les chenilles et les lunes meurent comme on fait un clin d'oeil. Toutes choses s'en vont. D'autres choses viennent et elles sont les mêmes. Ce matin, le soleil s'est levé il y a mille ans. Il se couchera tout à l'heure, dans trois millions d'années et le temps, peut-être, est rond comme une bille. » Gilles Lapouge