Journal de Gand aux Aléoutiennes
Ah, les voyages ! Sitôt que l'on a fait le tour d'une ville étrangère, que l'on a observé ce qui y rendait les femmes attrayantes, que l'on s'est heurté à cette vieille impossibilité de les aborder gracieusement pour laquelle on trouve, ici du moins, l'excuse de la langue, on tourne en rond, on s'assoit sur un banc, on essaie deux ou trois débits de boisson, on grimpe sur la hauteur s'il s'en trouve une, on redescend... Enfin c'est inouï ce que l'on peut s'emmerder. Pour peu que, comme ici, la ville au sortir de l'hiver frémisse de cette ferveur printanière si poignante dans les pays du Nord, il suffit que passe un souffle tiède et vous êtes soudain transi, empoisonné par cette douceur dont vous ne savez que faire.