Motel blues
"Je suis né à Des Moines. Ce sont des choses qui arrivent."
Ainsi débute le récit de Bill Bryson... A la mort de son père, en 1987, l'auteur, qui vit en Angleterre depuis dix ans, décide de retourner dans sa ville natale. Pas de doute : la capitale de l'Iowa - 250 0000 habitants - est aussi triste et morne que dans ses souvenirs...
Mais voyez les pièges de la nostalgie : lui reviennent les souvenirs de son enfance, lorsque son père emmenait la famille dans les plus fameux coins du pays... Et le voilà déjà qui prend le volant d'une vieille Buick prêtée par sa mère pour un périple de 20 000 kilomètres à travers l'Amérique. Mais pas l'Amérique des chromos, des films et des cartes postales : l'Amérique que l'on dit "profonde", à travers 38 Etats, en évitant les grandes villes pour se plonger avec horreur, fascination et délice dans les "bleds" les plus paumés. Bill Bryson à Ploucville, pour un portrait de l'Amérique à faire hurler de rire - bien plus sérieux qu'il n'y paraît...
Il reviendra, bien sûr, à Des Moines, tel un moderne Ulysse, plein de mordant et d'ironie. Dans sa normalité immuable, sa ville lui apparaît tout à coup presque belle. Motel blues est d'ores et déjà tenu pour un classique du récit de voyage, dont la cocasserie évoque tout à la fois Mark Twain et Redmond O'Hanlon.