Roger II de Sicile : un Normand en Méditerranée
L'histoire, une des plus étonnantes du Moyen Âge, est celle d'un homme, issu d'une famille de petits seigneurs du Cotentin, qui poursuivit toute sa vie un rêve grandiose : faire de la Méditerranée un lac normand. Roger II (1095-1154) est le digne descendant de ces invincibles guerriers qui, lassés des vertes prairies, déferlèrent au soleil de l'Italie du Sud pour se tailler, l'épée à la main, un empire à la mesure de leur avidité. Héritant de son ancêtre Robert Guiscard une ambition démesurée, Roger profite d'une crise de la papauté pour se faire couronner chez lui, à Palerme, roi de Sicile, de Calabre et de Pouille. Ce politique obstiné, après avoir pacifié, unifié et doté son royaume d'assises juridiques stables, se lance à l'assaut des côtes de Grèce et d'Afrique du Nord. Il sait ainsi faire entendre sa voix dans le grand concert européen et damer le pion à des ennemis acharnés : le pape, l'empereur d'Allemagne et le basileus de Byzance, qu'il viendra narguer jusque sous ses murs. A Palerne, cette ville opulente et raffinée où se côtoient sans heurts juifs, mulsumans, chrétiens latins et grecs, il laisse des églises étincelantes d'or et de marbre. UNe armada de navires, chargés d'étoffes de soie et de joyaux d'orfèvrerie, qui sillonnent les routes maritimes de l'Espagne à la Syrie. Et un petit-fils, Frédéric II, qui portera le rêve normand à son apogée.