Paris
Toute sa vie durant, E. E. Cummings a noué une relation d'amour authentique avec Paris. C'est en 1917, tandis qu'il rejoint l'Ambulance Service, qu'il découvre la ville pour la première fois - et c'est l'éblouissement -, puis il y séjourne plus longuement au début des années 1920, pour y revenir par la suite chaque fois qu'il le peut, en solitaire ou en compagnie d'une femme. Lettres, articles, poèmes : une quarantaine de textes racontent son Paris, celui où se rencontrent, loin des sites indiqués dans le Baedeker, ses sujets favoris - des scènes publiques ou intimes, jamais tout à fait séparées de l'amour, des cycles naturels du jour et des saisons, de l'atmosphère sociale et politique, de l'art et des spectacles. Ces textes nous offrent une introduction parfaite à son approche de la vie comme à la diversité de ses écritures, car il a côtoyé dans le Paris de l'entre-deux-guerres toutes les avant-gardes littéraires et artistiques, et a sondé les profondes mutations politiques qui secouent la vieille Europe. A travers ces textes, ce sont des instantanés qui apparaissent sous nos yeux : le scandale de Joséphine Baker aux Folies Bergère, deux précieuses discutant mode au Café du Père Tranquille, la fête du Lion de Belfort, place Denfert-Rochereau avec ses manèges et acrobates, ou la Foire au pain d'épice, cours de Vincennes, où l'on entend résonner un orgue de barbarie... Derrière le côté carte postale, Paris a été une alternative à tout ce qu'il déteste aux Etats-Unis : le puritanisme mais surtout l'importance accordée à l'argent, au luxe qu'il procure, en plus des distinctions sociales et culturelles qui en résultent. Paris ne le déçoit, rarement, que lorsqu'il cède à des accès de violence sectaire, ou quand les hommes d'affaires américains discutent " money ", indifférents à la beauté de la lumière sur Notre-Dame.