La vie ne me fait pas peur

« J'ai écrit La vie ne me fait pas peur pour tous les enfants qui sifflotent dans le noir en refusant d'admettre qu'ils ont sacrément la frousse », a un jour expliqué Maya Angelou. Composé à la première personne comme presque toute son oeuvre, ce poème s'adresse en effet aux plus jeunes. Dans un ton volontairement naïf, une petite fille noire raconte sa peur des animaux sauvages et les insectes rampants, sa terreur des méchants qui peuplent les contes, l'inquiétude d'être seule, le soir, dans sa chambre plongée dans le noir, la menace que représentent les brimades à l'école et la violence, confuse, qui régit du monde. Cette petite fille dévoile enfin comment elle a appris à combattre toutes ces angoisses profondes et secrètes : grâce à la rêverie, au songe, à l'imaginaire, elle peut s'évader dans le monde intérieur qu'elle s'est créé et puiser la force dont elle a besoin... À travers cette voix, on peut entendre celle de Maya Angelou qui donne sa recette personnelle pour lutter contre les peurs qui, si elles sont infantiles, n'en sont pas moins réelles, ni moins nocives. Cette recette lui a permis, enfant, de traverser des épreuves extrêmement douloureuses et, plus tard, de devenir elle-même : une combattante noire pour les droits civiques et une grande dame des lettres. Avec des mots simples, des images fortes, une très grande efficacité narrative, des rimes accessibles, Maya Angelou parle à la fois à l'enfant qui est en train de se construire, mais aussi au parent qui a dû, lui-même, apprendre à faire face à ses démons. Géraldine Alibeu offre à ce texte si juste son univers singulier : par son trait ouvertement naïf, ses collages amusants, inventifs, la complicité qu'elle tisse avec le lecteur, elle en offre une interprétation tout en douceur, en fantaisie, subtile et rêveuse. Vraiment à hauteur d'enfance.