Poèmes dispersés
« Cette jolie ville blanche.
De l'autre côté du pays.
Ne me sera plus.
Disponible.
J'ai vu le firmament bouger.
Ai dit « C'est la fin ».
Parce que j'étais fatigué.
De tous ces présages.
Et dès que vous aurez besoin.
De moi.
Appelez.
Je serai à l'autre.
Bout.
Attendant.
Contre le mur final ».
Extrait de « San Francisco Blues ».
Même si l'auteur de Sur la route n'est pas toujours célébré pour sa poésie, à l'inverse de son complice Allen Ginsberg, celle-ci représente une part essentielle de son oeuvre.
Pendant de son écriture romanesque, la poésie de Kerouac met en avant les aspects les plus caractéristiques de son écriture : là, plus encore peut-être que partout ailleurs, il cherche à se libérer de tous les carcans, faisant confiance à la spontanéité de sa plume, multipliant les libres associations, les mots-valise, les onomatopées, la recherche du rythme et de la sonorité pure... tout en créant de superbes métaphores.
« On écrit tout ce qui vous vient à l'esprit comme ça vous vient, dit Kerouac, la poésie retourne à son origine, à l'enfant barde, véritablement orale... » Ce recueil, publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1971, sous le titre Scattered Poems réunit des textes écrits dans les années 50 et 60 et qui avaient paru dans des publications éphémères et underground.
Drôles, grossiers, émouvants, désordonnés, bruts, énigmatiques, ludiques, à fleur de peau, ils s'attaquent vigoureusement à l'american way of life et explorent les failles et les traces de folie causées par l'absurdité et la violence de la vie dans la société capitaliste. Ils parlent aussi de liberté, de beauté et d'évasion.
Ils sont une formidable porte d'accès l'univers poétique de Kerouac.