Papon : Un crime de bureau
Troisième et dernier procès pour crime contre l'humanité lié à l'extermination des Juifs par les nazis. Après le bourreau SS (Barbie, 1987) et le tueur milicien (Touvier, 1994), Maurice Papon, le bureaucrate sans état d'âme (octobre 1997 - avril 1998).
Pour les pétainistes, des résistants et certaines victimes, la justice s'en prenait, trop tard, à un subalterne trop âgé, elle violait le principe de la prescription. Elle empiètait sur l'Histoire, et réveillait de vieux démons.
Les victimes, elles, ont fait jouer, à défaut de sépultures, le droit de contester cinquante ans de mensonges sur l'aide de Vichy au génocide. En notre nom, les jurés de Gironde ont jugé que la préfecture de Papon avait contribué sciemment à la déportation, sinon à l'assassinat de centaines de Juifs d'Aquitaine. D'où dix ans de réclusion, qui, à 87 ans, valent «perpétuité» - s'il les fait - et le déshonneur.