Le Bruit des trousseaux
Pendant onze années, chaque semaine, Philippe Claudel est allé donner des cours de français en prison, à des hommes et des femmes, jugés ou en attente de l'être, qui avaient commis des actes plus ou moins graves. Quelques mois après avoir cessé ces visites, il a pris conscience que ce lieu l'habitait toujours et pesait sur sa vie. Ni le roman ni le récit, dans leur fluidité, n'auraient su mettre en lumière ce qui est de l'ordre du morcellement et de la rupture. Car la prison fragmente la vie, la découpe selon l'espace et le temps, la retranche, l'ampute. De courts textes sont nés. Des scènes s'articulant les unes aux autres. Un puzzle s'est dessiné, qui peut se lire aussi et surtout comme une tentative de rendre compte d'un lieu qui n'en est pas un, d'un lieu que l'on masque toujours derrière des portes scellées. Un lieu qui nous hante malgré tout, et où la plupart d'entre nous n'entrent jamais.