Un mur cache la guerre
C'est allé comme un rêve peuplé de silhouettes gris muraille, disent René, Gloria, Grégoire Paccaud... A l'aube la muraille avait absorbé les silhouettes de passage : non seulement les douaniers allemands, la Gestapo, les FFI, les contrebandiers, les réfractaires du STO, les passeurs, les espions, mais ces pauvres gens qui rêvaient de Palestine ou d'Amérique et qui marchaient en guenilles vers la Suisse, première escale, avec leurs sacoches et leurs valises sanglées, pleines de bijoux. Le nez dessus, on ne voit plus l'histoire. On ne voit plus rien à l'horizon : ni les Juifs ni les Allemands ni les Français ou les Suisses de tous bords, ni même les sentiers, les crevasses, la mousse, les parasites, les buissons, la broussaille, les souches, les arbres dressés en pagaille. Le mur cache la forêt. La forêt cache la guerre. René se joue de tout et de tous entre son village natal et Dachau. Gloria passe les Juifs en vénérant le général de Gaulle et le maréchal Pétain. Soldat vaudois, champion de lutte et agent de renseignements, Greg les aide dans leur entreprise comme ils l'aident dans la sienne.