Vingt-cinq ans ou je me trouve
Les vingt-cinq premières années de nos existences individuelles me font davantage songer à un espace en expansion qu'à une durée qui se déploie. Les constellations des personnes et des-lieux, les distances qui les séparent m'y paraissent plus importants que les dates. Le temps n'y a pas la prédominance qu'il s'octroie par la suite. Et pourtant il passe. Mon projet de raconter mon premier quart de siècle court de 1942 à 1967. De l'année la plus improbable de la Seconde Guerre mondiale à la plus indécise de l'ère gaullienne, le monde balançant d'un pessimisme comme seul l'armement nucléaire savait en inspirer à un optimisme nourri de décolonisation, de Vatican II et d'électroménager, je me suis surtout complu à me satisfaire de ce qu'on attendait de moi. J'ai aimé toutes les maisons où l'on m'a fait vivre, petites ou grandes, quels qu'aient été leur degré d'amabilité et les distances qui les séparaient. Les distances, surtout, j'aimais bien. Et les regards décalés qu'elles permettaient. » G.-N. J.