Qui dira la souffrance d'Aragon ?
« - Entre nous, mon grand chéri, notre histoire, c'est quoi ? Un coup de foudre ? - La vraie question, ce n'est pas de savoir si c'est un coup de foudre, la vraie question, c'est de se demander s'il y aura un lendemain. J'ai envie de te répondre que oui, mais, tu le sais, nous sommes des clandestins et nous sommes condamnés à le rester. »
Aragon a 55 ans. Mahé, 28. Le premier, écrivain déjà reconnu, dirige Les Lettres françaises et est membre du comité central du Parti communiste, alors l'une des principales forces politiques du pays. Le deuxième est un émissaire spécial du Kominform de passage à Paris, où il fait la connaissance d'Aragon. Très vite entre eux, l'ambigüité, la séduction, puis l'amour s'installent, en même temps que les intrigues, les mensonges et les cachotteries : dans cette France des années 1950, impossible d'afficher leur passion au grand jour, encore moins au sein du Parti.
Comment s'aimer, alors ? Comment se livrer dans ce climat de méfiance extrême, où les camarades passent leur temps à se dénoncer les uns les autres ? Comment faire tomber ce masque qu'ils arborent tous en permanence ? Autant de questions que Gérard Guégan met en scène avec finesse, élégance et panache.