Soeurs de miséricorde
« Elle n'a pas le choix, elle doit partir. À Santa Cruz, tout est fermé, plus rien ne circule, l'argent, les gens, même les fruits pourrissent sur les arbres. Les femmes partent les unes après les autres, de plus en plus loin. Comment trouver du travail, un logement, quand on ne connaît personne ? Ni la langue, ni les rues, ni ce qu'on mange, ni les règles ? » Azul est née en Bolivie en 1967, chez les Indiens des Andes qui parle le quechua, dans une famille pauvre mais riche de coeur, avec huit frères et soeurs, et une mère qui n'a jamais été mariée au tractoriste qui lui a fait tant d'enfants. Azul, aux yeux bruns, à la peau jaune, qui porte des sandales en plastique, est née dans un paradis naturel, à Chuqui-Chuqui, où les fruits, les fleurs, les couleurs, les goûts prospèrent à la portée de la main chapardeuse. Mais peut-on tout garder de l'enfance ? Et que sacrifier de l'amour, du couple, des coeurs, et de la croyance en la Vierge ?
Immigrée économique, laissant mari et enfants, langue et robes indiennes, rites et prières, Azul va découvrir, et le lecteur avec elle, que la riche Europe est froide et égoïste. Mieux vaut la route caillouteuse, l'eau froide du Rio Chico, que la ligne du RER de Ris-Orangis à Paris.
Mais Azul a-t-elle le choix ? Et les riches propriétaires, ses patronnes, comment leur montrer ce que leurs yeux ne voient pas du monde ?