Un printemps 76
« Dans l'ennui d'une adolescence provinciale au beau milieu des années 1970, les footballeurs de l'AS Saint-Étienne ont laissé la marque d'une évasion en nous laissant entrevoir une autre vie. Pendant quelques jours de printemps, la France s'est prise de passion pour le feuilleton télévisuel et sportif de cette équipe qui ressemblait à sa ville, ouvrière et fiévreuse, une ville qui accédait à la lumière, grâce à la Coupe d'Europe de football, au moment même où elle fermait ses mines.
J'avais treize ans, répartissais mes admirations entre Dominique Rocheteau, Neil Young et les filles, jouais au foot et me languissais à la lisière de ce monde fantasmé, de ce territoire qui cachait mes racines familiales. Comment se soustraire à l'assignation à résidence par l'âge et par la géographie ? Il m'est arrivé de croire, en 1976, que les Verts étaient la réponse à tout. »