L'énigme du nénuphar: Face au virus
Ce sont des mots confiés d'un souffle au dictaphone chaque soir, comme un ultime effort après une journée folle. Ce sont des messages d'encouragement adressés chaque matin à ceux-là même que les Français applaudissent à 20 heures. Pour que ces moments ne tombent pas dans l'oubli. Pour qu'il reste une trace. Pour que cela ne soit pas ceux qui étaient loin de l'action qui inventent leurs propres récits, vus de l'extérieur.
Pour que les leçons soient tirées. Pour que tout ne redevienne pas comme avant. D'habitude, dans chaque crise, il y a toujours quelqu'un pour dire ce que cela lui rappelle. Là, même les plus expérimentés confiaient que cela ne leur rappelait rien, ni en France, ni ailleurs. Du jamais vu.
Martin Hirsch, qui dirige l'AP-HP depuis sept ans, a vécu cette crise aux avant-postes. Il a choisi de restituer brut ce qu'il a ressenti, ce qu'il a affronté, ce qu'il a vécu avec tous ceux qui étaient au front.
Ces moments où il faut appeler à l'aide, quand on ne sait pas si cela tiendra plus de trois jours. L'instant où il n'y a plus de place disponible pour un malade grave. Cet état d'esprit de solidarité où chacun s'étonne de pouvoir réaliser ensemble ce qui semblait impossible la veille. Il a souhaité aussi rapidement partager les premiers enseignements de cette crise sanitaire, intervenue après un an de tensions fortes, de grèves et de démissions : les enseignements pour l'hôpital, pour le système de santé, et plus généralement pour une société, qui doit s'engager davantage si elle ne veut pas subir.