Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
Situé sur Long Island, à l'Est de Manhattan, le quartier du Queens est celui le plus peuplé de New-York après celui de Brooklyn...
Une nuit de mars 1964 dans ce quartier insalubre et dangereux, un trottoir mal éclairé, les atrocités d’un tueur en série, l’indifférence des voisins.
« D’après le rapport des flics, ils étaient trente-huit. Trente-huit témoins, hommes et femmes, à assister pendant plus d’une demi-heure au martyre de Kitty Genovese. Bien au chaud derrière leurs fenêtres. Certains entortillés dans une couverture, d’autres qui avaient pris le temps d’enfiler une robe de chambre. Aucun n’a tenté quoi que ce soit pour porter secours à la pauvre petite. »
Didier Decoin s’est inspiré de ce fait divers qui fit, à l’époque, l’objet d’un entrefilet avant de passer à la Une de tous les journaux.
Tout au long du livre, le lecteur regarde successivement cette histoire criminelle avec les yeux des différentes parties prenantes... La coquette Kitty, poignardée, le tueur Winston Moseley, monstre froid et père de famille qui ne jouissait pleinement que de victimes mortes, le narrateur Nathan Koschel, les journalistes en filature, les habitants planqués derrière leurs fenêtres ouvertes sur le crime. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l’indifférent qui entend la plainte de la victime sans réagir ?
En toile de fond de cette histoire noire menée de main de maître, le livre de Didier Decoin dépeint fidèlement l’atmosphère new-yorkaise des années 1960 et 1970. New-York la singulière, toute aussi proche à l’époque de la banqueroute qu’haut lieu des débuts de la société de consommation exultant, en boucle, le marketing pour les jeunes, la vie à crédit, la variété musicale, le bourbier du Viet-nam, les derniers soubresauts de la guerre froide…
Un roman lumineux, lucide et très new-yorkais...