La Règle du jeu, N° 32, Septembre 2006 :

La première est une vertigineuse exploration du cas Gary et de l'affaire Ajar ; et, à travers cette affaire, une réflexion sur le mystère de la création littéraire, les jeux de miroir de la gloire et de l'oeuvre, la fatalité du nom et du renom, la mise en risque d'un corps dans un texte. La seconde est une introduction à la pensée d'Emmanuel Levinas : destiné à un public américain peu informé de l'oeuvre du grand philosophe juif et français, auteur de Difficile Liberté, ce texte est, de ce fait, d'une limpidité extrême et sera lu avec profit par ceux qui, en France aussi, ne connaissent cette oeuvre que de loin. Et quant au troisième texte, prononcé comme les deux autres dans la prestigieuse enceinte de New York University, il tente d'élucider une question épineuse entre toutes : la question des relations entre Sartre et les juifs. D'où viennent les Réflexions sur la question juive publiées par Sartre à la Libération ? Pourquoi leur effet déflagrateur ? Pourquoi l'étrange et persistante fidélité de Sartre, jusque dans ses époques gauchistes les plus enragées, au signifiant juif et aux hommes et femmes qui le portent ? Pourquoi sa fidélité à Israël ? Et d'où vient par exemple que le seul honneur auquel il ait jamais consenti ait été un doctorat honoris causa de l'Univerisité de Jérusalem ? Viennent ensuite une réflexion de Laurent Dispot sur l'affaire Grass et le cas Yourcenar. Un texte de théâtre, signé d'un auteur africain, David Gakunzi, qui fait ici ses débuts littéraires. Une livraison riche, diverse - où se poursuivent quelques-uns des combats menés, avec obstination, par la revue.