Le monde est un enfant qui joue
" Huit ans après l'explosion inouïe du 11 septembre 2001, les arcs et les flammes de l'action se dissipent suffisamment pour nous permettre de revenir sur le processus qui s'est engagé alors. Nous avons vécu des années de violences et de soubresauts. Attentats simultanés et meurtriers à Londres. A Madrid. Au Maroc. Incidents successifs en Arabie Saoudite. Invasion de l'Irak. Guérilla meurtrière en Afghanistan. Bombardements et chaos au nord du Pakistan. La guerre est mondiale et sans fin, mais pas comme nous l'avions d'abord imaginé. Années de noirceur et de doute : avec la chasse aux islamistes s'est développée, dans toutes les directions, et dans tous les Etats, la pratique du mensonge déconcertant.
Pourtant, cette apocalypse nous révèle un nouveau monde, que j'ai parcouru, modestement, à travers mes livres. L'odyssée américaine racontait la recherche fiévreuse d'une politique américaine post-hégémonique, qui finalement n'advient, six ans après, qu'avec Barak Obama. Rendez-vous avec l'Islam envisagerait, pour le meilleur, la transformation du Moyen Orient par la Turquie et l'Iran. Là aussi, la route est longue.
Le monde est un enfant qui joue. Je vole cette phrase à un fragment d'Héraclite, et je la transforme. Le monde est innocent, naïf, il oublie sa propre histoire. Il titube, hésite, frappe, détruit. Mais chacun de ses gestes est aussi une création, un apprentissage. Les années de violence n'ont pas empêché une croissance économique mondiale exceptionnelle. L'apaisement revient, alors que l'économie s'effondre. Rien n'est jamais donné dans ce temps nouveau. Ben Laden a peut-être perdu, mais nous avons connu trois jours de guerre à Bombay. C'est ce brouillard que je veux dissiper, en examinant comme un joueur d'échec la situation de nos grandes lignes de fracture. "
A.A.