Mon dîner chez les cannibales
Il s'agit, au sens exact, d'un « journal philosophique », élaboré au fil des semaines, et dont les différents chapitres correspondent aux grands thèmes de notre actualité. Certains de ces textes ont été publiés dans des journaux. D'autres sont inédits. Et s'inspirent méthodiquement des outils philosophiques mis au point par Ruwen Ogien : refus de tout « moralisme » ; éthique libérée des notions de « Bien » et de « Mal » ; liberté absolue du jugement.
Les thèmes abordés ? Du « mariage pour tous » à la Procréation Médicalement Assistée ; de l'euthanasie au suicide ; de la liberté d'opinion à Dieudonné ; de la « défaite de la pensée » à l'éducation scolaire ; de la question des « migrants » au communautarisme. Chaque fois, Ruwen Ogien tente de conjurer le « catastrophisme » pour considérer les problèmes avec un esprit impitoyablement libre.
Exemple : le texte qui donne son titre à ce volume : il s'agit, pour Ruwen Ogien, de critiquer les thèses fort célèbres de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations ». Le théoricien y développait l'idée selon laquelle les « cultures » (de l'occident, de l'islam) sont inconciliables - mais qu'est-ce qu'une « culture », demande-t-il ?
Et, à partir de là, il « déconstruit » la totalité des arguments de Huntington. Puis, sous un pavillon (ironiquement emprunté à Giraudoux), il définit une vision du monde qui, sans être naïve, ne prophétise jamais le pire - qui, en général, fait le succès des essayistes au détriment de la vérité.